Une civilisation atrophiée

Il va de soi que notre civilisation dite démocrate est scindée en plusieurs particules : la religion qui se veut l’administrateur du blâme et de l’éloge moralistes, la technocratie qui veut montrer une bonne image de nos sociétés modernes de consommation où l’eugénisme rejoint la technicité ; et cette dernière n’est là que pour se dissimuler tout en mettant en exergue le premier.
Or la force moralisatrice qui vient atrophier notre civilisation qui reste bien précaire dans son système de valeurs ne sachant plus reconnaître les valeurs nobles que sont la puissance et non pas la domination, le libéralisme et non pas l’individualisme, l’amour et non pas la dévotion naïve, la volupté et non pas la cruauté sensualiste, etc.
Ce qu’il nous faut c’est renouer avec ces valeurs « vraies », mais ne nous leurrons pas c’est la fausseté qui s’insurge devant ce dramaturge qu’est la vie ; c’est sous un masque d’interdits que s’insuffle la réalité où le tabou devient un délassement chez le débauché dont la perversité s’emploie un tant soit peu à accumuler de la force émancipatrice devant toute « vertu » charnelle.
Or le désir n’est que dans la volonté d’une sollicitation des sens, des appétits les plus raffinés jusqu’aux plus vulgarisés, indubitablement, c’est-à-dire qui passent de déséquilibre en déséquilibre en manifestant ouvertement une vraie volupté, celle dont l’« utilité » reste essentiellement le « devenir » de la force de caractère.
Et ce n’est pas ici une critique acerbe mais la simple constatation que l’utile pour l’homme est à l’agréable, ce que la revendication est à l’épanouissement. L’utile et l’agréable sont donc indissociables en ce qu’ils s’interpénètrent dans une soif d’absolu qui cherche continuellement des liens dans la communication altruiste et aimante.
Ce que je désire, je le veux par la communion avec le sujet de mon désir, et là nulle faute ne peut transparaître tant que je conjoins à mes penchants un être semblable, qui pense et qui est donc à même de me corriger sur mon épanchement si mon ardeur est un tant soit peu trop hardie ou a contrario trop dans la mollesse.
Ce que je récuse dans notre société, c’est la jubilation publicitaire qui, comme une lettre toujours ouverte, se tient dans les arrière-pensées envers un consommateur dont elle en fait référence dans les lois d’un marché obscur et dont son symbolisme est une réalité réfractée par l’opacité de l’inconscient et qui, étant d’un inconditionné transcendantal, crée des promotions sensibilisées.
En effet les agences se demandent comment devraient-elles ne pas leurrer l’individu à partir des mobiles suffisant pour gouverner leurs goûts, et cela est renforcé par cette loi du talion qui tourne à la corruption sous couvert d’une satisfaction des désirs les plus précaires comme je viens de le souligner.
Donc les images sont belles, saisissantes, fantasmagoriques, sensuelles, etc. mais les idées tiennent d’une fausseté trop « adulatrice », or la manière de faire du marché par la « séduction des sens » est, pour elle-même louable.
Cependant ce sont les « idées sectaires » qui ne laissent pas de prévaloir d’un malaise socio-économique en ce qui concerne la domination des jeux de langage illicites dans les masses. Notre civilisation atrophiée n’est-elle pas un régime qui croit en être à son apogée technologique et scientifique alors que maintes circonstances socio-économiques nous confirment qu’elle se fait vieillissante, comme « nihiliste » alors qu’il lui faudrait un élixir de jeunesse éternelle ? Mais l’emprise des années trace les ravins où s’épuisent ses sources.